Sortez-moi de ce cauchemar !

J’ai rêvé que j’habitais l’Élysée. Un cauchemar horrible. J’avais oublié d’éteindre la lumière du frigo pendant plusieurs semaines et un huissier venait me réclamer 12 389 € de factures impayées majorées. le Président me regarda de travers. Il remit droit sa perruque et paya cash l’officier ministériel qui emporta tout de même quelques meubles pour compenser son déplacement. Rien n’avait changé après plusieurs siècles de décadence, l’administration était corrompue jusqu’au trognon. La dictature était universelle et le moindre délit était puni de la peine de mort. Si par exemple vous éternuiez à moins de deux mètres d’une personne une brigade de surveillance vous arrêtait aussitôt et le lendemain votre tête se promenait en haut des grilles de la Préfecture.

Pour arranger mes affaires, le Chef de l’État s’était servi sur la caisse noire de l’argent public prévue pour les fêtes libidineuses du samedi soir quand il invitait deux-cents personnes au palais. Il lui restait néanmoins assez de fonds pour les prochaines ainsi que pour ses dépenses personnelles. le compte ne désemplissait pas grâce à l’abus de biens sociaux, l’utilisation des profits du patrimoine cachés au fisc et les financements occultes venant de l’étranger. Lui-même avait parfois des ennuis avec les créanciers : il ne mégotait ni sur le chauffage ni sur les mètres cubes d’eau gaspillés pour les jacuzzis et la piscine intérieure. Les frais somptuaires du dirigeant de la nation dépassaient cent fois le double du triple des modestes sommes que j’avais à payer pour mes négligences.

L’encyclopédie des nuisances venait de publier son dixième tome. Depuis des années il n’y avait plus de pétrole, plus d’essence, plus d’électricité et les nouvelles énergies étaient sur le point de se tarir. Les températures étaient excessives et chaque jour des tremblements de terre décimaient des peuples entiers. le point de non-retour était atteint. Certes la population s’était bien réduite grâce aux nombreux virus imposés par le nouvel ordre mondial. Moins de dix millions de personnes se partageaient la planète. Elles vivaient à l’intérieur des rares frontières non contaminées par les radiations provoquées par la huitième guerre mondiale. le mot sobriété ne voulait plus rien dire. L’argent ne se mangeait pas, mais il aidait à manger. Viande et poisson avaient disparu. Une baguette de pain coûtait quatorze euros.

Bazoomka


4 réflexions sur “Sortez-moi de ce cauchemar !

Laisser un commentaire